Traversée à quatre voix

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Le quatuor qui signe ce livre est né de la traversée de l’Atlantique à la Méditerranée effectuée par Didier Sorbé et Marc Girard.
Ils ont été rejoints sur le papier par Olivier Delord et Jean-François Labourie pour parvenir à une somme originale associant quatre points de vue complémentaires. Celui d’une philosophie de la marche et de la montagne, celui de la photographie comme trace et expression du paysage, celui de l’itinéraire et de sa mise en œuvre, celui du pyrénéisme riche à tous égards et dans lequel s’inscrit l’aventure des deux protagonistes.

La voix d’Olivier / la voie des mots, esprit et corps en marche
Olivier Delord a parfait son apprentissage de la montagne dans la foulée de Didier. En 2003, il traverse les Pyrénées avec son frère Fred et quatre de leurs amis, en 40 jours et en été – la classique de Véron. Ainsi possède-t-il le recul et les mots mûrement choisis pour traduire la tension et la souffrance, le temps de l’accoutumance des premiers jours et les sensations physiques : « les pieds comme deux boules de feu », « la plainte du corps », « le sac est un morceau de soi » ; l’ivresse du regard et de la marche, les impressions visuelles, l’emballement de l’imaginaire, ou les imprévus – la trahison du matériel : la fermeture d’un duvet « a rendu l’âme »… La description de la montagne est œuvre d’orfèvre. Olivier est un paysagiste rare à inscrire dans la filiation du grand amoureux de la chaîne qu’est Franz Schrader. On ne verra pas ses aquarelles, mais l’on appréciera son exceptionnel sens de l’image. Cette traversée littéraire a pour sentinelles la sagesse intemporelle de plumes trempées dans la philosophie, la poésie, la littérature, la chanson française, etc., chacune apportant une note saisissante, au profit du rythme ternaire : citation / journal / récit / de cet essai : traversée / mouvements / suspensions.

La voix de Didier / la voie des hautes lumières
Depuis la traversée en hivernale des Pyrénées d’est en ouest réalisée en février-mars 1984 et publiée en 1988 aux éditions Randonnées pyrénéennes, sommeillait parmi les projets de Didier Sorbé, celui d’une nouvelle traversée. Cette fois-ci, elle se ferait d’ouest en est et en saison d’automne, avec le désir de donner la voix à l’esthétique dans le choix de l’itinéraire et de ses variantes. Il en a rapporté un ensemble de vues en noir et blanc, chant d’adieu à sa pratique de l’argentique en ces montagnes.
La lumière guide son regard comme ses pas pour saisir les « ici et maintenant » d’un éclairage impromptu, d’une ombre portée, d’un voile de brume, du vent dans les graminées lustrées, pour les engranger dans le boîtier du Mamiya 6. Ce sont autant de journées en séquence, soit 47 images, et de journées par variantes, soit 20 autres images. Trouées d’espaces mises au carré, elles sont l’épreuve d’un œil rompu à l’épiderme de la roche, au nuancier infini des hautes terres en noir et blanc et à la patience qu’il faut pour attendre une lumière qui vient de lui échapper. Livre dans le livre, cet album est ici la part de l’art.

La voix de Marc / itinéraire : voie et voies vers le Levant
Marc Girard, géophysicien de formation, tient de son père le sens de la carte, de l’observation et de l’orientation. Il connaît Didier depuis les années 1980 et a été marqué par le livre de sa traversée hivernale. Été 2004, ils travaillent sur l’itinéraire qu’ils adopteront à l’automne ; leur traversée cheminera au plus près de la frontière pour, raisons de clémence météorologique, s’achever en Catalogne. Motivés par un impératif esthétique, les choix de l’itinéraire ont été guidés par le plaisir de retrouver des sites aimés et l’envie d’emprunter des sentiers oubliés ou peu fréquentés. Cela donne parfois une trace à trois brins surfilant tantôt le GR10, tantôt le GR11 ou la HRP. C’est aussi l’occasion de découvrir les secteurs inconnus d’eux en Ariège et dans le massif de Madres ou de saluer de beaux sommets comme les pics d’Enfer, le Mont-Perdu, la Munia, les Posets prometteurs de paysages inattendus. Carte, boussole et altimètre ont été relayés par le récepteur GPS dont tous les points relevés sont accessibles sur le site traverseepyrenees.com qui complète cette partie.
Des variantes sont proposées pour évincer des secteurs délicats ou découvrir par beau temps de fabuleux jardins naturels. C’est de cet ensemble composite que rendent compte les pages de topo, associant tracés et repères, textes pratiques et descriptifs ainsi que 108 photographies couleur.

La voix de Jean-François / les voix pyrénéistes, mémoire de traversées
Jean-François Labourie retrace l’histoire des précédentes traversées marquantes partielles ou intégrales, célèbres, discrètes ou médiatisées dont les raisons diffèrent selon qu’évolue le rapport de l’homme à la montagne. Les pionniers sont parmi les scientifiques des Lumières : Roussel et La Blottière, Young, de Carbonnières…

Catégorie :

Un ouvrage 22,5 x 23,5 cm à l’italienne, de 204 pages dont 72 imprimées en bichromie sur Condat mat 170 g, 72 en quadrichromie sur Artic volume 150 g et 60 en noir et blanc sur Olin rough 150 g, couverture pleine toile contrecollée sur carton avec marquage à sec, jaquette en quadrichromie, 190 illustrations.